CHUTE DE L'ULN IL Y A VINGT ANS Les derniers soubresauts en Haute-Normandie
La CLHN, ancienne coopérative de l'ex-Union laitière normande, cherche des débouchés pour 100 Ml. Ses fins de contrats et une partie du lait français mal valorisé se télescopent.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Vingt ans après la chute de l'Union laitière normande, les campagnes normandes continuent de subir les mauvais choix des responsables coopératifs de l'époque. De cette union de coopératives, il ne reste plus aujourd'hui en Normandie qu'Agrial (Basse- Normandie, Mayenne et Ille-et-Vilaine) et la Coopérative laitière de Haute-Normandie (CLHN). En 1992, elles avaient signé chacune un contrat d'approvisionnement avec la Compagnie laitière européenne. Pour la CLHN, il arrive à échéance le 30 juin 2012. Elle a un contrat de 135 Ml (pour une collecte totale de 230 Ml). « CLE valorise peu ce lait haut-normand. Elle n'en a pas besoin, indique la filiale de Bongrain. Elle sert en fait d'intermédiaire entre la CLHN et Novandie. En effet, un contrat de 95 Ml lie CLE à Novandie jusqu'au 30 juin 2012. » Novandie ne souhaitant être livré que cinq jours sur sept, les 40 Ml restants sont des laits de week-end et des excédents saisonniers que la filiale de Bongrain rapatrie, préconcentrés, vers ses sites de l'ouest. Annoncée depuis plusieurs années, elle confirme son intention de ne pas conclure un nouvel accord de collecte.
La coopérative est donc à la croisée des chemins. Elle est dans l'incertitude pour 45 % de ses volumes. « Novandie a lancé un appel d'offres pour son approvisionnement et n'a retenu que 56 Ml pour la CLHN », indique Pierre Poixblanc, le président. Sa coopérative renouvelle un deuxième contrat, cette fois-ci avec Danone. De 85 Ml, il passerait à 60 Ml. « De la tour de séchage à un partenariat hors Hexagone, nous étudions toutes les pistes pour une décision d'ici à la fin avril. » Inquiet, le groupe Bongrain vient de faire appel à un médiateur du ministère de l'Agriculture. « 15 % du lait français sont en situation fragile. Les échecs de l'URCVL et du GIESud lait pèsent, entre autres, sur le marché. Les entreprises cherchent à placer leurs laits mal valorisés. » La grande soeur bas-normande Agrial figure parmi les contacts évoqués par la CLHN. Les sites industriels de CLE, implantés au coeur de son bassin de collecte, offrent au groupe coopératif un avenir beaucoup plus stable.
Agrial va de l'avant
Depuis sa fusion le 1er novembre avec Elle-et-Vire (autre coop de collecte de CLE), Agrial est à la tête d'1,05 milliard de litres, dont 980 Ml en contrat avec CLE jusqu'en 2018-2020. Souhaitant proposer des volumes supplémentaires à ses 2 550 producteurs après 2015, elle a provisionné plus de 100 M€ depuis quatre à cinq ans pour investir dans l'aval. Elle vient d'augmenter sa prise de participation de 10 à 49 % dans la société d'ingrédients Délicelait (Manche). La construction d'un outil de concentration du lait vient d'y être achevée et l'entreprise réfléchit à développer son unité de séchage. Pour assurer son approvisionnement, CLE prête 100 Ml de quotas à Agrial jusqu'en 2015 et 60 Ml sont achetés sur le marché. « Nous avons un potentiel de 200 Ml en 2015 », avance la coop. Agrial, c'est aussi la création de Senagral (presque finalisée), qu'elle détient à 50/50 avec Senoble pour l'ultrafrais sous MDD. Senoble, mise à mal par la guerre sur les prix pratiquée par Novandie, lui a ouvert ses portes.
CLAIRE HUE
Pour accéder à l'ensembles nos offres :